Hélène Mille

« Une bouffée d’air Pur » dans le quartier

Hélène est née le 9 octobre 1978 à Marseille.
Monia Ouechtati, Sa mère Tunisienne est arrivée à l’âge de 7 ans en pensionnat chez les Sœurs, elle va en pension jusqu’à l’âge de 16 ans, avec toute sa famille (5 frères et sœurs). Son beau père travaille dans une entreprise de métallurgie de Marseille et sa mère cuisinière chez l’entreprise Lefevre .
Monia Ouechtati, du nom d’un village de la Tunisie Ouechtata, à 19 ans quand elle rencontre Daniel Mille, pied-noir de Tunis, réceptionniste à l’hôtel Esterel à la rue Paradis. Ils se marient, ont trois filles et un garçon. Hélène est la cadette (La fratrie va d’un an à 15 mois de différence).
Monia arrête de travailler et Daniel continue son métier de réceptionniste.

1ère rencontre importante

Hélène est née à la rue Jean Fiolle, quartier Castellane. Elle fréquente le collège Pierre Puget, puis le collège catholique près de Castellane, St Joseph les Maristes. Elle est de culture musulmane mais pas pratiquante. Monia divorce quand Hélène a 12 ans et les enfants qui sont avec la maman vivent mal la séparation. C’est une période très importante de sa vie. Les entretiens avec Daniel sont plus distants.

Rencontre : La maman travaille. Elle ne peut accompagner les enfants comme elle le souhaiterait. Le C.P.E. devient le repère de la fratrie (Alex, Sandra, Hélène) qui investit Jean-luc FABRE, affectivement autant que leur scolarité. Le C.P.E intervient même par convictions, en dehors de sa mission. Il fait des démarches administratives pour la famille.

Monia, la mère est en dépression quand Hélène a quinze ans. Cette dernière prend très vite en charge ses frères et sœurs.

Hélène s’avère déjà très mature. Le père l’appelle : « Mama » parce qu’elle s’intéresse à l’univers des adultes. Hélène a une bonne scolarité et passe avec succès le brevet des collèges. Au Lycée Charles Péguy , la prise en charge financière de la scolarité n’est pas facile.
Hélène choisit une orientation sociale: 2e S.M.S. A 16 ans en 1ère, elle travaille en tant qu’animatrice, et passe son BAFA.

Hélène passe obtient son bac. Première colo, à Durbon d’abord en tant qu’agent d’entretien puis animatrice et retourne à Durbon… Pendant quatre ans, jusqu’à l’âge de 20 ans. Elle découvre l’animation.

« C’est difficile, mais c’est bon »

Hélène rencontre Lilia Dogmane, au lycée et va pour la première fois dans les quartiers Nord de Marseille. Elle atterrit par hasard chez Ali Martiniky (devenu son meilleur ami) rencontré lors d’une recherche sportive chantée par Lilia.

1996 : Elle découvre l’univers du bénévolat artistique. Seconde rencontre avec Ali qui accueille les jeunes chez lui.
Hélène a le coup de foudre pour la cité et descend tous les weekends aux IRIS. Les Basters naissent de cette rencontre. Tout va très vite : obtention d’un local aux Flamants, répétitions les weekends et pendant les vacances scolaires.

En décembre 1996, elle rencontre Ibrahim et Ali Mogni, lago, Mohamed et Jacky, Abou (qui est à ce jour son mari). Les jeunes se bousculent pour entrer dans l’association. Hélène a eu un coup de cœur pour les dessins d’Abou.

Fin 1996 Nuits blanches entre jeunes : un noyau dur de 20 personnes, se retrouve pour faire la fête, Hélène flash sur Abou le 31décembre. Elle l’invite chez ses parents et c’est au pied de la Bonne Mère, autour d’un feu d’artifice que la magie opère et débute leur relation.

Les Basters et Abou occupent tout le temps libre d’Hélène. Elle est très vite repérée par Sylvie HautCœur et Anne Marie Tagawa deux travailleurs sociaux.

1997/1998 Hélène est intervenante soutien scolaire, animatrice centre aéré à l’ASCQB et Bénévole à Basters . Le Collectif Festi Jeunes confie à Basters la gestion de la préparation des jeunes, la préparation des groupes, la sélection ainsi que la structuration du Festival.

1999/2000 Ali est embauché en tant que Médiateur Culturel, Hélène animatrice culturelle à Body and Soul.

Décembre 2000, Elle quitte Body and Soul pour l’ASCQB en tant que Médiatrice Culturelle.

2001 Création du Marathon Hip –Hop

2002 Création du Marathon « K »ultures

2003 Animatrice du secteur Jeunes ASCQB

2004 Karima Berriche remplace Sylvie Haut Cœur

2005/2006 Animatrice de Prévention, Hélène participe à l’aventure de la création du Centre Social L’Agora. Elle deviendra Animatrice de Prévention puis Coordinatrice du secteur jeunes.

2007 Création d’Alafou – avec Alimero et Sagaf
Création du Studio d’enregistrement amateur au bat B7.

2008 Période de remise en question, difficulté de prise de distance et répercutions dans la vie familiale : Hélène fait preuve de trop d’investissement; elle est aspirée par la dynamique professionnelle au détriment de sa vie personnelle.

Le quartier pèse avec ses dures réalités quotidiennes

Hélène n’a pas oublié, en moins de 6 mois :

L’assassinat de Toufick par ses camarades dans une cave aux Iris,

Une petite fille de 5 ans tombée de la Tour de St Barthélemy III

Une famille assassinée par le chauffeur d’un véhicule sur le boulevard Salvador Allende.

Règlement de compte à la Cité Picon.

L’intégration du cadre de vie et tout ce climat influencent la remise en question sur son avenir professionnel et sur sa vie personnelle. Hélène fait le choix avec son époux de quitter le quartier en Juillet 2008 afin de s’occuper d’avantage de sa famille.

Une fête mémorable

Pour témoigner leur reconnaissance, les jeunes ont préparé un show qui marque encore les mémoires. CLIP/ SKETCH- SPECTACLE sur scène plus de 200 personnes présentes activement.

Aujourd’hui Hélène à une vie double partagée entre son travail d’animatrice socio-éducative qui consiste à proposer un accompagnement individuel et collectif dans un foyer de jeunes travailleurs pour des 18/30 ans, et son activité bénévole de présidente à l’association ALAFOU.

Quel regard portes -tu sur le quartier avec le recul ? « Le Quartier c’est un coup de cœur…

J’ai découvert :
L’engagement et le militantisme,
Les potentialités des jeunes des quartiers Nord,
Le professionnalisme des travailleurs sociaux et l’engagement bien au-delà du temps de travail, je pense ici particulièrement à mon « mentor » devenue mon amie de cœur Anne-Marie TAGAWA (éducatrice à l’ADDAP).

Je garde en mémoire le courage de toutes ces familles en capacité de relever le défi et à élever des enfants dans un cadre de vie si dur, dans ce « pas le choix », la précarité, sous toutes ses formes, les problèmes de l’emploi. Essayez quand même !

Aujourd’hui Hélène a une double vie. Animatrice socio-éducative dans un foyer de jeunes travailleurs, elle gère les accompagnements individuels et collectifs.

C’est un cadre et un environnement plus serein qui lui permet de revenir au quartier plus volontiers avec une énergie productrice. Elle prend le temps sans contrainte. Elle nous confie : « le quartier ne me manque pas, j’y reviens volontiers ce n’est que du plaisir, cette rupture avec la cité m’a permis de finaliser des projets en suspension (santé, permis de conduire, D.E.F.A.…)

Témoignage d’Anne Marie Tagawa – Éducatrice Spécialisée à l’ADDAP. La relève est assurée.

Je l’ai rencontrée à l’époque des Basters à l’occasion du festi jeunes . qui avait lieu sur le terrain de boule de la Maison de Quartier de la Busserine (le succès aidant, il sera programmé par la au Parc de Font Obscure)
Hélène et Ali Martiniky font partie de cette nouvelle génération que l’on remarque très vite malgré leur jeune âge.

« On ne calcule pas le temps parce que ce n’est pas possible »

Les Basters parlent de construire un événement qui soit préparé par un accompagnement, auprès des enfants, bien avant la prestation. Cette équipe travaille autour de la solidarité avec beaucoup de transparence, refuse l’assistanat et la consommation de services culturels.
Anne Marie travaille en étroite collaboration avec Hélène et les Basters. Les premiers sur l’accompagnement artistique et l’ADDAP sur la communication, la restauration des Artistes et de l’encadrement. Ce sont les Premières Guinguettes.

Ce qui m’a plu chez elle :
Sa constance et sa rigueur,
Sa capacité à anticiper les choses, tous les aspects de mise en œuvre…

Elle fait partie des quelques personnes crédibles. Quelle que soit la structure, ( AASCQB,
BODY and SOUL, AGORA …), Hélène devient le partenaire essentiel des projets culturels du
quartier. Quels que soient son statut et sa mission Hélène est une personne-ressource au niveau de
l’accompagnement des gamins. J’ai plus travaillé avec elle qu’avec mes propres collègues de
travail.

Quand Hélène arrive à l’ASCQB, il n’y a pas de filles et toujours le même noyau dur de bénéficiaires des accompagnements. Elle entend le message et elle inverse la donne.

Elle rend le lieu attractif par l’accueil.
Elle tisse des liens avec d’autres jeunes, le roulement est enfin possible.
Le Bat B7 devient une passerelle dans le quartier.

« J’ai été amputée de ma moitié »

Travailler avec Hélène cela a été une bouffée d’air pur. Au départ elle me sollicitait pour des constructions de projets. Très rapidement on s’est rendu compte que l’on travaillait dans une parfaite harmonie. J’ai été amputée de ma moitié au niveau du secteur, quelqu’un avec qui j’ai eu beaucoup de plaisir, jamais dans la plainte. Cette espèce d’intelligence professionnelle n’est pas donnée à tout le monde mais à ceux qui ont des valeurs vraies ; ce qu’il font en phase avec ce qu’ils sont, avec une éthique dans l’épanouissement. Hélène est à ce jour une amie.