Françoise Ega

Celle qui dit non à l’ombre

Françoise Ega est née en 1920, à Morne rouge en Martinique. Très tôt elle s’engage dans le grand combat de sa vie : contre l’injustice, les préjugés raciaux, la haine et l’intolérance, car elle était consciente que seule l’action permet d’accéder à une liberté de l’être.

Elle Arrive sur Marseille au milieu des années 50, elle y oeuvrera pour sa communauté en participant à la fondation d’association antillo-guyanaise (ASCAG). De 1962 à 1964 elle mène un expérience inédite : voulant connaître de près la conditions des jeunes antillaises domestiques à Marseille, elle se fera engager par des madames chez qui elle découvrira ce que l’on peut qualifier d’esclavage moderne. C’est cette expérience qu’elle relate dans son 2ieme livre édité à titre posthume en 1968 : « Lettre à une noire ».

En 1969, Elle s’installe avec sa famille, sur le quartier de la Busserine, très exactement à St Barthélémy III. C’est là qu’elle mena ses plus ardents combats. Convaincue que : « l’instruction est la première porte de la liberté », elle fit de la lutte contre l’illettrisme le premier de ses combats.

D’abord femme de ménage, puis animatrice socio-culturelle à la maison des jeunes, elle y assura le suivi scolaire des enfants en difficultés et assista les familles immigrées de toutes origines dans la rédaction de leurs papiers administratifs. De même elle participa à la vie locale, religieuse, politique et syndicale et lutta pour l’humanisation des quartiers Nord par la venue d’un bus dans les cités, la création d’un centre de culture ouvrière, où pour empêcher la construction de tours sur le parc, le stade ou la piscine.

Repérée, avec ses « comparses » (Mme Vinotti, Mme Centofenti et la directrice d’une école – on les surnommaient les quatre mousquetaires –) par les habitants comme une forte Personnalité, elle sera de toutes les concertations, et n’hésitera pas à apostropher les bailleurs pour leur faire part du mécontentement des habitants. Dsiponible pour tous, ses voisins peuvent en témoigner, chez Mam’Ega lorsqu’on frappait à la porte elle répondait toujours : « Entrez, ce n’est pas fermé ! ».

Elle est morte prématurément le 7 mars 1976, dans la petite chapelle de Sainte Claire au sein de la cité. Les obsèques que lui ont offert ses amis de tous horizons, de toutes obédiences, de toutes origines, de tout âges et de toutes classes, ont été celles du « Petit Etat » – St Barthélémy, Busserine, Picon, Font vert – qui ce jour là a voulu lui rendre hommage. A travers une longue procession, portée à bras d’hommes, elle a traversé une ultime fois ces cités où elle s’était engagée. Et pour porter plus loin ce gage de reconnaissance, les habitants du quartier se sont cotisés pour qu’elle repose dans son pays natal, la Martinique où après 30 ans d’absence, elle a eu des obsèques non moins glorieuses.

Mam’Ega est morte, mais son esprit souffle encore aujourd’hui sur Marseille…