Retour sur Les amitiés de Maryse Condé

Du 25 au 26 novembre 2022 au Mucem

Pour les associations, La Collective, Mamanthé et le Comité Mam’Ega, un des faits marquants 2022 fut notamment « Les Amitiés de Maryse Condé » au MUCEM que nous ne pouvons pas mettre sous le boisseau.

Leur démarche auprès du MUCEM a permis l’organisation d’un magnifique Hommage à Maryse Condé ; l’auteur la plus connue, la plus prolifique des auteurs antillais (auteure d’une quarantaine d’ouvrages traduits en plusieurs langues et récompensée par de nombreux prix dont le Prix Nobel alternatif de littérature en 2018) qui s’est entourée d’invités prestigieux au nombre desquels il faut mentionner Christiane Taubira, Eva Doumbia, Gael Octavia, Laurent Voulzy.

Ainsi les 25 et 26 novembre 2022, Maryse Condé a reçu ses amis au MUCEM.

Parallèlement aux prestations théâtrales, Françoise Sémiramoth a proposé une installation vidéo et sonore dont le sujet (des paysages de la Guadeloupe), a sous-tendu la voix de Maryse Condé commentant les couleurs de l’exposition de la plasticienne, intitulée « Caravage créole ».

Photo © Solene de Bony / Mucem Novembre 2022

« Le vert, pour moi, est rebel. Le noir est important dans la négativité de la nuit …Quelles belles couleurs ! les couleurs ont un poids : elles évoquent des rêves, des sensations qui font du bien. »

Dans l’amphithéâtre, la jeune cantatrice Leïla Brédent a offert au public une sublime prestation dans un répertoire classique mais varié, d’extraits du Chevalier de Saint-Georges à des airs d’opéra fort appréciés.

La manifestation a été ouverte le vendredi par une prestation originale des élèves de 3ème du Collège Henri Wallon, l’interprétation théâtralisée du roman « Moi, Tituba Sorcière noire de Salem ». en scène moderne a permis de restituer l’esprit du roman. Il faut saluer l’effort remarquable de ces élèves, leur engagement et leur motivation pour ce projet pédagogique, alors qu’on imaginerait qu’ils se sentent très peu concernés par cette histoire, celle de l’esclavage aux USA. Ensemble, Noirs et Blancs, ils ont inventé un montage bicolore, soutenu par des slams dont les thèmes évoquent l’actualité : celle d’une nécessaire solidarité avec les victimes actuelles des traites qui ne disent pas leur nom.

La soirée de vendredi s’est achevée par la lecture théâtralisée et musicale d’un extrait, la mort de Melchior, tiré de « la Migration des cœurs ». Remarquable interprétation de Vanessa Dolmen, Christian Julien et Laura Clauzel (lecture en chant) accompagnés au piano par Romain Trouillet.

Le samedi après-midi ne fut pas moins dense : exceptionnelle prestation de Nathaly Coualy accompagnée de la musique envoutante de David Blamède, dans la mise en scène théâtrale de Désirada (1997).

La comédienne a su tenir en haleine son public, suspendu au drame d’une saga familiale. Elle interprète tour à tour les 3 personnages du roman : la grand-mère, Nina, sa fille, Reynalda dont l’histoire est convoquée par Marie-Noelle, la petite-fille, devenue adulte, et partie à la recherche de la vérité de leur histoire familiale.

La musique a repris après cette prestation : d’abord une lecture musicale, « Mots et merveilles, Tribute to Maryse » interprétée par Blade Alimbaye, associant slam, chant, accompagné au saxo par Nicolas Baudino. Ensuite Mariann Mathéus, la sublime comédienne et chanteuse haïtienne a célébré son amitié avec Maryse Condé par des chants haïtiens traditionnels.

La manifestation principale « complicité et résonnances » a donné l’occasion à Maryse Condé, par le biais d’Eva Doumbia, réalisatrice, d’interroger certaines des personnes qui ont croisé son chemin un jour et sont devenues des proches, parfois des amis tels Valérie Marin La Meslée (fidèle transcriptrice) Anaïs Maillis, Letizia Galli ou Laurent Gaudé.

Il faut mentionner Gael Octavia, auteure, qui a évoqué sa découverte de la littérature antillaise grâce à elle, alors qu’elle était adolescente en Martinique. Ou encore Christiane Taubira affirmant que « Maryse Condé pose dans ses romans la question de savoir comment les femmes arrivent à vaincre malgré la complexité des combats qu’elles ont à mener » et affectant Maryse Condé dans la lignée de Toni Morrison et Maya Angelou.

Laurent Voulzy a clôturé la soirée avec « Belle Ile en Mer » dont l’interprétation a causé une immense émotion à l’écrivaine.

La note finale : un concert pour célébrer la tradition du Gwo-ka, musique traditionnelle guadeloupéenne par Max Diakok et la Compagnie BOUKOUSOU.

Mamanthé-La Collective-Le Comité Mam’Ega renouvellent leur remerciement à :

– Maryse Condé pour sa constance amitié et affection à notre égard sans omettre son époux Richard

– L’équipe du MUCEM qui a permis la réussite de cet événement.

 Nous profitons de cette opportunité pour vous souhaiter nos meilleurs vœux associatifs et militants de solidarité et d’entraide mutuelle.